André
Il avait les yeux clairs,
Et des petits plis de malice
Qui faisaient le regard complice.
Il fêtait son anniversaire.
C’était un taiseux qui disait,
En me congédiant, sans plus
De manière : « bon, je te retiens plus,
Je t’ai tout dit, tu peux y aller ».
Sportif, athlète raffiné,
Épris de beauté et d’harmonie,
Maniant la pala au trinquet,
Avec Battita, Roger, Maïs, ses basques amis.
Il composait des tableaux
En plein soleil, brûlant le bois
Avec sa loupe, toujours bronzé,
Bien avant l’été.
Il bricolait et réparait l’improbable,
De sa bienveillante bonté.
Il m’a offert la liberté,
Et je lui en suis redevable.
Il avait bourlingué,
A une période passée,
Caressé l’Indochine et débarqué
À Port Saïd ; mais jamais il n’en parlait.
Le dimanche, quand je le visitais,
Derrière les rideaux, il me guettait.
Dans le frigo, des gâteaux qu’il m’offrait,
Pour dire qu’il m’aimait.
Et son visage s’illuminait,
Quand il te voyait, ma tendre amie.
Je t’aime et il t’aimait.
D’emblée, il t’avait adoptée.
Les mois, les années ont passé.
Tu me manques, André.
Jean-Jacques Camy